Nathalie Novain©2023- Tous droits réservés
Built with Indexhibit

Insonore
2022, Porcelaine
15 variantes géométriques.
7 ensembles : x2,x3,x4,x8,x9

Discontinu
2022, Porcelaine
Sculpture murale

Vue d'exposition, Espace, See Galerie, Paris.

Vertige du silence
Tout commence dans une chambre anéchoïque, le corps se retrouve face à l’immensité et au bruit du silence. Toutes les ondes sont absorbées par la mousse aux formes pyramidales qui recouvrent les murs. Pas d’échos, pas de bruits blancs, on entend le corps vivre. De cette chambre scientifique, Nathalie Novain en garde le souvenir de ses formes.

Tel un coquillage faisant naître sa perle, c’est d’une gangue de plâtre que l’artiste façonne ses sculptures cristallines. Sur une base cubique, elle érige des tétraèdres, comme des pyramides coupées en leur milieu pour en inspecter l’intérieur. Ces volumes se moulent de porcelaine, et s'incarnent dans une géométrie sensible, entre résistance et fragilité. La lumière, orientée sur l’installation de l’artiste, illumine les surfaces planes, tandis que les arêtes brillent et se fusèlent jusqu’au point final. Ces polyèdres de céramique, d’un blanc immaculé, réffléchissent tous les rayons du spectre lumineux et sont créateurs d’ombres portées. Sous l’influence de cette lumière, notre perception de l'installation se métamorphose. Les volumes apparaissent, disparaissent et architectent des clairs et des obscurs.

L’artiste crée un ensemble topographique sculpté de vallées, de plateaux, de vides abrupts et de sommets ; nous mettant face à nos points de déséquilibre et de stabilité. Ces pièces peuvent donner le vertige et nous faire perdre l’échelle des choses. Toutefois, elle nous garde en confiance en les façonnant à taille humaine, jouant toujours sur deux mesures : la taille de nos corps ou la taille de nos mains. Même si ces sculptures s’étendent par des pentes glissantes et des crêtes saillantes ; leurs pics, toujours dirigés vers le ciel, se dressent comme des repères, comme des cadrans de lumière. Et puisque le silence absolu n’est jamais “l’absence de bruit” (1) si on l'expérimente avec le corps, dans l’installation de l’artiste persiste une résonance qui aborde avec grandeur toutes nos sensibilités. Nathalie Novain part de son expérience de la chambre anéchoïque et de son espace, pour nous transporter dans les échos vertigineux de notre corps en vie face aux formes du silence.


“Et dans la chambre anéchoïque j’ai entendu que le silence n’était pas l'absence de bruit mais les sons du fonctionnement non intentionnel de mon système nerveux et de la circulation de mon sang.” John Cage

Pauline Faivre